Etude médico-économique de l’activité physique thérapeutique en oncologie : Une première mondiale !

National 03.02.2022
Etude médico-économique de l’activité physique thérapeutique en oncologie : Une première mondiale !
Programme de Recherche Médico-Economique (PRME) oncologie activité physique

Encore l’objet de nombreux débats lors de la création de la CAMI Sport & Cancer il y a plus de vingt ans, les bénéfices de l’activité physique pour les patients atteints de cancer ne sont aujourd’hui plus à démontrer : baisse du taux de mortalité et de récidive, diminution des effets secondaires des traitements (notamment la fatigue et la perte de masse musculaire) et amélioration de la qualité de vie des principaux cancers. Autant d’éléments scientifiquement prouvés (INCa[1],2017) et appuyés par la loi « Sport sur Ordonnance ».

Pourtant, aucune prise en charge financière pérenne de cette thérapeutique non médicamenteuse n’existe à l’heure actuelle, creusant les inégalités sociales de santé sur le territoire. En cause, notamment, un manque de données médico-économiques, souligné par différents acteurs politiques[2] et institutionnels, comme les Ministères de la Santé et des Sports[3] [4].

Pour remédier à cela, à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, la CAMI Sport & Cancer, forte de son implantation dans une trentaine de départements et d’établissements de santé, et plus de 80 villes en France, est fière d’annoncer l’obtention d’un Programme de Recherche Médico-Economique (PRME) du Ministère des Solidarités et la Santé, en collaboration avec les équipes de recherche du CHU de Toulouse. L’objectif principal de cette étude multicentrique sera de réaliser une évaluation médico-économique des Pôles Sport & Cancer CAMI en oncologie, déployés dans 17 hôpitaux, centres de lutte contre le cancer et (poly)cliniques en France, base de discussion pour une prise en charge par l’Assurance Maladie, qui puisse rendre accessible à tous les patients la pratique d’une activité physique à visée thérapeutique, standardisée, sécurisée et encadrée par des professionnels formés.

 

Le programme de recherche médico-économique

L’étude, qui démarrera en avril 2023 pour une durée de trois ans, sera normalement déployée dans l’ensemble des services d’oncologie accueillant un Pôle Sport & Cancer CAMI sur le territoire, à savoir : Gustave Roussy (Villejuif), IUCT - Oncopole (Toulouse), Centre Antoine Lacassagne (Nice), Polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine (Bordeaux), Polyclinique Bordeaux Rive Droite (Bordeaux), Polyclinique Francheville (Périgueux), CHD Vendée (La Roche-sur-Yon), Hôpital Pitié Salpêtrière AP-HP (Paris), Hôpital Tenon AP-HP (Paris), Hôpital Croix-Rousse HCL (Lyon), Hôpital Avienne AP-HP (Bobigny), Hôpital Jacques Puel (Rodez), CH de Villefranche-de-Rouergue (Villefranche-de-Rouergue) et Clinique Belharra (Bayonne), Centre Hospitalier Régional Universitaire de Tours (Tours), Centre Hospitalier d'Argenteuil (Argenteuil), Polyclinique Marzet (Pau). 

L’étude concernera près d’un millier de femmes atteintes d’un cancer du sein en phase active de traitement, alors que les études internationales sur le sujet ne dépassent pas les 100 à 200 patients habituellement. Rappelons que le cancer du sein est à la fois le plus fréquent (un peu moins de 60 000 nouveaux cas par an) et le plus meurtrier chez la femme (plus de 12 000 décès par an) [5]. Ainsi, actuellement, près d’un million de femmes ont ou ont eu un cancer du sein en France.

En pratique, il s’agira d’un essai contrôlé randomisé comparant :

  • Un groupe intervention composé de patientes suivant le programme classique d'activité physique thérapeutique CAMI pendant 6 mois au sein des 17 centres concernés ;
  • Un groupe contrôle composé de patientes auxquelles seront données des recommandations ainsi qu’un calendrier de pratique à réaliser en autonomie pendant 6 mois.

Si l’objectif principal de l’étude est d’évaluer l’efficience du programme CAMI par rapport à une prise en charge conventionnelle grâce à un ratio coût-utilité, elle permettra également d’évaluer l’intérêt du programme sur la survie sans progression et les coûts directs médicaux (comme les hospitalisations ou la consommation de médicaments) et non médicaux (comme les arrêts de travail).

A travers cette première mondiale, la CAMI espère ainsi mettre en avant l’intérêt médico-économique de ses programmes pour les patients et pour le système de santé et la collectivité. Par exemple, la diminution du nombre d’hospitalisations et plus généralement de consommation de soins pourrait représenter des économies importantes pour l’Assurance Maladie.

Cette étude pourra servir de base de discussion pour une prise en charge par l’Assurance Maladie, dans le but de réduire les inégalités sociales de santé en rendant l’activité physique, standardisée, sécurisée et dispensée par des professionnels formés, accessible à tous, quels que soient ses ressources ou son lieu de vie.

 

Zoom sur l’accompagnement de la CAMI à travers ses Pôles Sport & Cancer

Pour le Dr Thierry Bouillet et Jean-Marc Descotes, co-fondateurs de la CAMI Sport & Cancer, « L’autorisation de cette étude est une étape primordiale dans le processus de reconnaissance de l’activité physique à but thérapeutique. C’est un sujet récurrent depuis des années que de mesurer correctement le ratio coût/bénéfice de ce type de programmes. Pour la première fois, va être réalisé de manière évaluable et randomisée un projet de recherche de cette ampleur. Nous espérons que cela montrera de manière probante que l’activité physique à but thérapeutique est un enjeu de santé publique majeur ».

Il est donc important de pouvoir proposer une activité physique sur les lieux de soins, au plus proche des patients. Aujourd’hui, la CAMI a développé 34 Pôles Sport & Cancer en partenariat avec des établissements de santé partout en France, notamment grâce au soutien du groupe de protection sociale Malakoff Humanis. Grâce à ces Pôles, chaque patient peut bénéficier de deux séances collectives de thérapie sportive par semaine, dans une salle dédiée et mise à disposition par l’hôpital, pendant 6 à 12 mois. Ces séances sont encadrées par un.e Praticien.ne en Thérapie Sportive formé.e à l’approche pédagogique de la CAMI et titulaire du Diplôme Universitaire « Sport et Cancer ». Elles s’appuient sur une pratique physique basée sur l’étude du mouvement humain, le Médiété®, qui vise à conserver ou reconstruire l’équilibre du système musculosquelettique pour réduire les douleurs, diminuer la fatigue et rendre à nouveau le corps agile et tonique. Pour cela, le Médiété® se concentre essentiellement sur le placement juste du corps, la précision dans la réalisation des mouvements et la capacité à ressentir et mobiliser le squelette et les muscles de la manière dont nous le souhaitons.

En pratique, chaque patient rejoignant le programme possède une prescription médicale. Il bénéficie alors d’une consultation initiale et individuelle de thérapie sportive, permettant de définir des objectifs thérapeutiques, en fonction des traitements en cours, des effets secondaires ressentis ou encore des altérations physiques présentes. Cette consultation sert ensuite de socle pour personnaliser les séances proposées, ouvertes à une dizaine de patients, et lors desquelles le Praticien est attentif aux besoins et capacités de chacun.

Des consultations de suivi sont également effectuées, tous les trois mois, afin d’évaluer les effets physiques et psychologiques de la pratique et de redéfinir ou d’ajuster ces objectifs thérapeutiques.

 Ce suivi permet, de surcroît, une collaboration régulière et étroite avec les équipes soignantes du service, véritable fil conducteur du Pôle Sport & Cancer.

Chaque année, ce sont près de 2 000 patients accompagnés au sein des Pôles Sport & Cancer de la CAMI.