L'impact de l'activité physique sur le cancer : retour sur les IFODS

National 20.06.2024
L'impact de l'activité physique sur le cancer : retour sur les IFODS

A l’invitation du Docteur Thierry Bouillet, président de la CAMI Sport & Cancer, avait lieu le vendredi 14 juin, lors du congrès national d’Oncologie IFODS , une matinée sur l’activité physique adaptée en cancérologie.

Après avoir introduit la session en rappelant en quoi l’activité physique (AP) représente une priorité de Santé Publique, le Dr. Bouillet a laissé la main au Dr. Bruno Cuttuli, Oncologue radiothérapeute à Reims. Celui-ci a présenté plusieurs études portant sur l'impact de l'AP dans le contexte du cancer du sein, notamment en proposant des activités comme le dragon boat, embarcation ancestrale d’origine chinois pouvant accueillir une vingtaine de pagayeurs. Les effets bénéfiques de cette activité ont révélé une renaissance physique, une reprise de confiance psychique et un impact sur les effets secondaires des traitements (fatigue, prise de poids, douleurs musculaires et articulaires…).Cependant, il a précisé que mesurer les économies réalisées grâce à l'AP est difficile notamment en raison de l'hétérogénéité des parcours.

Ester Molina, Infirmière en Pratique Avancée à l’Institut Curie a ensuite pris la parole afin de présenter l’intérêt de l’AP dans le parcours de préhabilitation, en s’appuyant sur l’exemple des cancers digestifs. La préhabilitation intervient avant la phase chirurgicale et se base sur la triptyque “soutien nutritionnel + APA + soutien psychologique et réduction des addictions”, afin d’optimiser l’état médical du patient et traiter les comorbidités.

Ensuite, le Pr Jean-Pierre Lotz a mis en lumière les bienfaits de la plongée auprès de patients, à travers son association : https://aquademieparisplongee.org/. Cette activité, en plus des effets bénéfiques de l’AP, apporte résilience ainsi que des effets anti-stress, après des situations de stress post-traumatiques. Au regard des études scientifiques récentes, il est indispensable de proposer de l’AP. Selon lui, ne pas proposer de l’AP peut conduire à une perte de chances pour les patients.

Le Dr Thierry Bouillet est de nouveau intervenu, afin d’évoquer les résultats de l’exercice physique sur le cancer du colon et de la prostate. Il a mentionné des statistiques frappantes :

  • La sédentarité coûte cher à la société Française, elle est estimée à 17 milliards.
  • Faire 4 heures de sport par semaine peut réduire le risque de cancer du colon de 25%.

Le Docteur Frédéric Pamoudjkian, Onco-gériatre à l’Hôpital Avicenne, est par la suite revenu sur un couple antagoniste, muscle et cancer.

La sarcopénie, ou la perte de masse musculaire squelettique avec l'avancée de l'âge, a été introduite dans la terminologie de la Haute Autorité de Santé en 2021. Elle est fréquente chez les patients atteints de cancer et conduit à des événements indésirables. Les patients sarcopéniques et cancéreux ont ainsi deux fois plus de risque de décès et trois fois plus de risque de complications post-opératoires. L'activité physique sur le muscle, notamment l'exercice contre résistance, peut améliorer la survie globale. Une approche multimodale de la réhabilitation est recommandée, comprenant des exercices physiques contre résistance à intensité modérée, la renutrition et la supplémentation nutritionnelle.

Enfin, le Dr. Cécile Sonntag, hématologue à la clinique CH Strasbourg a confirmé l'importance de l'AP dans le traitement du myélome multiple, une maladie fracturaire, qui peut donc impacter les os. Selon les études, l'AP peut améliorer la prise en charge du risque fracturaire, tout comme l'état psychique, tout en stimulant l'immunité.

Elle a également présenté l'activité physique adaptée, centrée sur la boxe, qui a été mise en place dans sa structure depuis plus de 10 ans et qui rencontre un grand succès.

Cette matinée a ainsi permis de mettre en lumière, avec plusieurs exemples d’initiatives portées par des professionnels de santé et associations, comment l'activité physique s'avère être un outil précieux et indispensable dans la prise en charge de différentes composantes relatives au traitement du cancer.