Remboursement de l’Activité Physique Adaptée : un petit tour et puis s’en va

National 17.11.2023
Remboursement de l’Activité Physique Adaptée : un petit tour et puis s’en va

La politique française à ses bizarreries. Ses valses hésitations. Ses avancées flamboyantes et ses reculades en catimini. Cette capacité à susciter des espoirs et provoquer des désillusions.

Les exemples sont légion entre promesses, engagements, effets d’annonces, souvent suivis de vides intersidéraux où de changements lilliputiens. Il faut parfois blâmer notre gouvernance. Les députés votent, les ministères mettent en œuvre, s’offrant ainsi le luxe de travestir les lois selon leur propre perception des choses.

Mais aujourd’hui point de cela. Le gouvernement a inventé un nouvel outil : l’auto annihilation. La capacité d’insérer un amendement pour finalement le retirer de lui-même avant son adoption. Un vrai numéro d’illusionnisme !

Explication : A la CAMI, nous nous battons depuis des années pour la mise en place du remboursement des activités physiques adaptées ou thérapeutiques afin d’offrir un accès équitable à tous les patients et patientes touchés par un cancer. Les données scientifiques sont là, la reconnaissance médicale et institutionnelle également, la preuve par l’expérience aussi.

Avec 25 ans de pratiques, de méthodes, d'organisation et de liens avec les structures de soins, nous pensons être des interlocuteurs crédibles pour ces programmes.

Nous nous conformons aux souhaits des autorités publiques et nous offrons un accès gratuit à nos séances pour les patients grâce à nos partenaires qui nous soutiennent depuis de nombreuses années. Nous respectons les exigences médicales en termes de sécurité et de prise en charge et nous savons les économies de santé qui seront réalisées grâce à leur mise en œuvre et déploiement pour le plus grand nombre (les coûts du Cancer en France représentent des milliards d’euros). Ce long travail de conviction, en collaboration avec de multiples autres acteurs tout aussi impliqué sur le sujet du remboursement a fini par porter ces fruits au début de l’été dernier. Comme un merveilleux alignement des planètes, l’Assurance Maladie valide l’idée d’une prise en charge financière des activités physiques adaptées ou thérapeutiques au mois de juillet dernier. Le Président de la République fait de l’activité physique la grande cause nationale de l’année 2024, les ministères des Sport et de la Santé portent conjointement une vraie politique Sport Santé et, comme une évidence de tous ces mouvements, le pré texte du PLFSS notifie noir sur blanc dans l’Article 23 la volonté d’un remboursement de ces activités.

Bon... petite désillusion... L’Article 23, devenu entretemps l’Article 22, ne comporte plus les éléments ci-dessus lors de sa présentation à l’Assemblée Nationale fin septembre. Mais, quelques semaines après, le Graal. Par le biais de l’amendement 3292, porté par le gouvernement lui-même, il est proposé le remboursement des activités physiques adaptées. Impossible de ne pas y croire et de penser : « on y est », sachant surtout que le budget du PLFSS va passer par un 49.3. Il serait absurde d’imaginer que le gouvernement se saborde lui-même... La logique semble impeccable, l’espoir pour des milliers de patients bien là. Mais apparemment, la politique a des raisons que tout le monde ignore... L’amendement a disparu, le PLFSS a été adopté sans ce dernier.

Que s’est-il passé ? Mystère… Bien sûr, il y a plus grave en ce moment. Des guerres font rage, le climat se dérègle, le coût de la vie augmente. Mais il en va ainsi de la complexité du monde, où la folie des uns n’empêche pas le quotidien des autres. En France, comme ailleurs, des personnes tombent malades (en 2017 selon l’Institut national du Cancer 3,8 millions de personnes ont eu un diagnostic de Cancer), elles ont besoin de propositions thérapeutiques susceptibles de les aider à s’en sortir. Malheureusement ces chiffres continuent d’augmenter et nous serons tous concernés au cours de notre vie.

Nous avons besoin de croire que le gouvernement met tout en œuvre pour donner toutes les chances aux Français de vivre et de vivre bien. Il faut plus de médecins, plus de soignants, plus de tout, c’est vrai. Mais il faut aussi de nouveaux modèles de prises en charge, des protocoles capables d’influer sur la santé des patients et des patientes pour améliorer l’efficience des traitements. L’activité physique adaptée ou thérapeutique, ce n’est après tout que 40% de rechute en moins, la diminution de la fatigue, des arrêts de traitements, la durée d’hospitalisation, l’amélioration de la qualité de vie. Après tout on s’en fout. Il doit y avoir plus important sûrement. Du corporatisme, des lignes comptables, des résistances au changement, de l’incompétence…

Et on s'étonne que les Français se disent désabusés de la politique.