Témoignage de Catherine : "C’est très clairement pour moi un soin ; je l’ai vécu"

National 13.12.2023
Témoignage de Catherine  : "C’est très clairement pour moi un soin ; je l’ai vécu"
Témoignage

- Comment notre accompagnement vous a aidé à traverser la maladie ?

J’ai intégré un programme de thérapie sportive à l’hôpital après un an et demi de chimiothérapie, 2 lourdes interventions chirurgicales et quelques autres. J’étais épuisée et percluse de douleurs articulaires. J’avais une posture de repli sur ma longue cicatrice ventrale encore sensible. Faire le trajet pour venir en séance était déjà une épreuve en soi. J’avais suffisamment fait de sport dans ma vie pour savoir que ce programme me ferait du bien physiquement et mentalement.  Je ne savais pas à quel point !

Ce programme mené par Tony Lamorisse, Praticien en Thérapie Sportive de la Cami, m’a littéralement remise debout, droite et déliée. J’ai pu me réapproprier mon corps laissé aux mains des soignants pendant des mois. J’ai retrouvé de la confiance. Au bout de quelques semaines, je n’avais pratiquement plus de douleurs articulaires ; j’avais repris des forces ; j’avais même une nouvelle énergie. J’étais comme une sportive : je pratiquais avec sérieux et assiduité ; je m’accordais des périodes de récupération ; je mesurais mes progrès. Je m’amusais aussi beaucoup. Très vite j’ai compris la chance que j’avais de bénéficier de ce programme alors je l’ai vécu comme un cadeau. J’en ai vraiment profité et je l’ai savouré avec bonheur… comme les chocolats que je m’achetais sur le chemin du retour.

Trois mois après avoir débuté les séances, j’ai dû subir une intervention pour éliminer des nodules qui évoluaient dans un poumon. La thérapie sportive a joué son rôle à fond. Mon PTS m’a préparée physiquement et mentalement à l’intervention et lorsque je suis revenue ensuite, il a adapté chaque séance pour que je puisse récupérer au mieux car j’avais de nouveau perdu des forces. Mais je ne partais plus de zéro. Je suis très vite revenue au niveau que j’avais laissé avant mon entrée à l’hôpital. C’était reparti !

Et puis, alors qu’il n’en était pas question quelques mois plus tôt, j’ai pu reprendre une activité professionnelle ! Le Directeur Général de l’Urssaf Caisse nationale, pour qui je travaillais avant mon arrêt maladie, a accepté de me confier le projet que je lui proposais : créer un réseau d’accompagnement pour les salariés de notre entreprise atteints d’un cancer. J’allais pouvoir utiliser mon expérience pour d’autres malades. Quelle belle mission ! Cette reprise du travail, je la devais à la Cami.

Lorsque j’ai arrêté le programme à l’hôpital, j’avais encore besoin d’être accompagnée. C’est donc Chloé CHARTRAIRE, également Praticienne en Thérapie Sportive de la Cami, qui a pris le relais dans un programme en ville. J’ai retrouvé le même esprit de professionnalisme, de sérieux mais aussi de légèreté et de plaisir. Elle aussi a dû adapter les séances lorsque j’ai vécu, plus tard, des périodes d’hospitalisation répétée qui m’ont épuisée. Les traitements avaient laissé des cicatrices internes qui affaiblissaient mon organisme ; les équipes de Gustave Roussy devaient intervenir ! A ce moment-là, j’ai perdu trop de poids et surtout des muscles. J’ai vu mes jambes et mes bras « fondre ». C’était affolant. Mais j’ai repris les séances dès que j’ai pu, alors que j’avais encore du mal à rester longtemps debout. Sous la direction attentive et bienveillante de ma PTS, j’ai commencé tout doucement mais je peux dire et témoigner ici que chaque séance de thérapie sportive m’a fait gagner en force et en énergie. J’ai vu progressivement mon corps se reconstruire et j’ai senti mes capacités physiques augmenter au fil des semaines. J’ai pu reprendre le travail et mon fabuleux projet !

En ce qui me concerne, mes Praticiens en Thérapie Sportive ont également joué un rôle d’éducateur puisqu’ils m’ont appris les bons gestes, la bonne écoute de mes sensations ; ils m’ont montré la ligne à suivre. Leur travail patient et généreux, les résultats obtenus m’ont convaincue de l’absolue nécessité de m’engager dans une pratique régulière et constante pour toutes les années à venir.

 

- Qu'est-ce que vous a apporté l'activité physique, physiquement et mentalement ? 

Avec la thérapie sportive, j’ai appris la lenteur. J’ai appris que l’on pouvait faire travailler son corps très efficacement avec des gestes lents. J’ai découvert qu’on pouvait ressentir l’effort et non plus la douleur de l’effort comme c’est souvent le cas dans des séances sportives classiques. J’ai senti mes abdominaux travailler alors que je ne faisais pas de séances d’abdominaux. J’ai découvert que gérer sa respiration permettait de progresser, dans les étirements notamment ; j’ai même découvert l’existence de certains muscles.

J’avais fait beaucoup de gymnastique dite « d’entretien ». Ça semblait, a priori, être un peu la même chose mais, en fait, ça n’avait rien à voir ni dans la méthode, ni dans l’esprit. C’étaient parfois les mêmes mouvements mais pas les mêmes gestes. L’effort était mesuré et c’est cette mesure dans l’effort qui était efficace. Je me suis vraiment dit « qu’est-ce que c’est que ce truc ? ».

En quelques semaines, j’ai commencé à reprendre des forces ; à retrouver de la souplesse. Mes douleurs se sont apaisées.  J’ai pu lentement et doucement ouvrir et détendre mes épaules, laisser se gonfler mon ventre. J’ai réappris à respirer. Ma cicatrice s’est assouplie ; elle ne me faisait plus peur.

J’ai aussi pris conscience de toutes les tensions accumulées les mois précédents et j’ai réalisé comme mon pauvre corps avait souffert et comme il avait si bien tenu le coup. J’ai eu beaucoup de gratitude pour ce corps et je me suis sentie à nouveau forte. C’était une sensation merveilleuse.

J’ai mis du temps mais j’ai appris à écouter mon corps me chuchoter quand je peux pousser un peu mon effort et quand je dois ralentir, me reposer ; s’écouter n’est plus, pour moi, une marque de faiblesse.

Et puis, en thérapie sportive, Je me suis beaucoup amusée, j’ai ri même car les séances sont gaies et joyeuses. On s’accorde du temps pour soi. Pendant quelques instants nous ne sommes plus des malades.

C’est aussi la rencontre avec des personnes qui ont vécu les mêmes choses et avec lesquelles on se comprend. Parfois, comme après mon programme à l’hôpital, cela crée un véritable groupe qui reste soudé et de belles amitiés. C’est une force supplémentaire pour s’encourager à faire du sport après les programmes et se soutenir lorsqu’il y a besoin.

 

 

- Considérez-vous l'activité physique comme un soin en complément des traitements ?

C’est très clairement pour moi un soin ; je l’ai vécu. Mon cancer était à un stade très avancé. Les équipes de l’hôpital Gustave Roussy ont effectué un travail formidable, extraordinaire même, mais je ne serais pas en aussi bonne condition physique et morale aujourd’hui sans l’activité physique. Je n’aurais pas repris mon activité professionnelle ; je n’aurais pas refait de la randonnée, de la course à pied ; je ne pourrais pas nager 1000 mètres en 1 heure ; je ne ferais pas des jeux à la piscine avec mon petit fils et je ne l’aurais pas entendu me dire « on est bien comme ça tous les deux sous l’eau ».

Pour moi, les PTS ont toute leur place dans la chaîne des personnes qui nous soignent. Il y a ceux qui m’ont sauvé la vie en supprimant le cancer (oncologues, chirurgiens…) et les PTS, qui m’ont sauvée en me ramenant à la vie. C’est un tout et nous, les patients atteints d’un cancer, nous avons besoin de cet ensemble car les traitements indispensables pour vaincre cette maladie ont des effets secondaires violents qui diminuent, font souffrir et découragent. L’activité physique est un remède merveilleux car elle procure, en plus des soins, des moments de plaisir et le bonheur de vivre à nouveau comme avant.